Les Pestiférés
Les récentes sanctions contre le Sporting Club de Toulon et ses supporters méritent que l’on s’y attarde davantage.
En faisant un léger flash back, on s’aperçoit que le club de la Rascasse a souvent bénéficié d’un « régime de faveur » dans le domaine des sanctions, qu’elles soient au niveau de la Ligue Méditerranée, de la Ligue Nationale ou des instances de contrôle budgétaire.
S’il fallait retenir, en France, un club qui a lourdement payé son tribu en matière de sanctions en tout genre, le Sporting figurerait, à coup sûr, sur le podium.
L’intention n’est pas de pleurnicher. Le club et ses supporters ont le don particulier de se placer dans des situations à prêter le flanc et à s’exposer à l’ire des instances supérieures.
Des sanctions grotesques pour un gobelet en plastique, des points de retrait pour des broutilles, des terrains à huis clos pour des incidents à l’extérieur, des interdictions de circuler pour les supporters, les services de sécurité impressionnants pour encadrer quatre malheureuses voitures, des parcages ridicules jusqu’aux relégations sportives plus graves, le Sporting a quasiment épuisé tout le catalogue de sanctions possibles et imaginables.
La faute à qui ? Et pourquoi ?
Historiquement et géographiquement, on peut dire que les supporters toulonnais ne se sont pas toujours illustrés de la meilleure manière et certains se souviennent peut-être encore de la une de l’Equipe « Carton Rouge pour les supporters Toulonnais à Mayol » au lendemain d’un derby avec l’OM. Ici on a le sang chaud, n’explique pas tout. Brandir la mentalité ultra pour expliquer certains débordements n’excuse pas tout.
Le comportement d’une poignée nuit à l’ensemble. Quand au retour de Fréjus, un pseudo supporter Toulonnais, entre dans une boutique d’autoroute avec l’écharpe bien en évidence et en insultant tout le monde, ce type de réaction nuit gravement à la réputation du club.
Quand à BR certains individus, passablement éméchés, insultent copieusement pendant 90 minutes l’arbitre de touche et les joueurs adverses, l’image véhiculée est largement écornée.
Quand d’autres prennent le prétexte d’un match pour aller se battre ou font d’une rencontre un exutoire pour pallier la médiocrité de leur vie, il convient de s’interroger sur l’impact que cela peut laisser dans les mémoires collectives et particulièrement dans celles des gens chargés de veiller à la sécurité.
Face à cela, on peut être tout autant indigné par le comportement de certains clubs qui font des amalgames et qui sans scrupules, mélangent vrais supporters avec ces individus déviants. On est en droit de réclamer plus d’égard et plus de discernement quant aux sanctions aberrantes qui sont distribuées à notre égard. Il faut dénoncer les rapports de délégués partisans, qui sous prétexte qu’on s’appelle Toulon, écrivent à charge. Il faut s’insurger contre le parti pris systématique face à nos « hordes sauvages » qui se déplacent.
Veut-on tuer la passion, cherche-t-on à lisser le tout et à enlever la ferveur unique d’une ambiance en tribune ?
Les dirigeants ont un énorme travail à faire pour équilibrer la sécurité des familles et l’exubérance des groupes de supporters. Les groupes ont le devoir de faire le ménage dans leur rang sous peine de vivre des rencontres aseptisées ou à huis clos. Il y a la vraiment un travail de réflexion qui doit permettre de sauver ce qui peut encore l’être et qui doit permettre aussi d’éviter que certains clubs soient systématiquement dans le collimateur.
Nous en avons marre d’être pris pour des victimes expiatoires sacrifiées sur les autels de l’incompétence, marre d’être des pestiférés partout où l’on passe. Mais nous en avons également assez que certains qui portent nos couleurs se prennent pour des cowboys et se croient tout permis. Le football est un sport de valeurs et de règles, un spectacle populaire et apprécié. Il doit rester une fête.
Récemment l’adjoint aux sports de la mairie semblait découvrir le problème et voulait réunir tous les éducateurs. Ces derniers ont la lourde tâche d’enseigner tout cela à leurs minots : le fair-play, le respect de l’adversaire, de l’arbitre et des consignes, l’amour du maillot et du beau jeu. Ce sont eux qui feront le foot de demain. Si l’on n’a pas envie de finir derrière des grillages ou de suivre un match sur un écran, si le foot nous fait encore vibrer, il est grand temps que chacun prenne enfin ses responsabilités.
Le Sporting est un grand club et non un club de voyous ou d’incompétents. Il est peut être en convalescence en ce moment, mais la peste ne l’emportera pas. A nous d’être vigilants…
F.A.