mardi 8 mars 2011

Football: Les arbitres en crise

"Le pognon pourrit tout !"

L'arbitre du récent STV-Colomiers, Lucas Steinberg (F5) a remplacé A.Perreau Neil (F3) appelé à arbitrer le match de L1 Caen/ASSE... (Photo: Socios du STV)


C'est un véritable bras de fer que ce sont livrés les arbitres "professionnels" par l'intermédiaire de leur syndicat (le SAFE) et la Fédération Française de Football ce week-end: Les arbitre de L1 (F1 et F2) avaient décidé vendredi dernier de reporter d'un quart d'heure toutes les rencontres de la 26ème journée pour protester contre le mépris dont ils feraient l’objet de la part de nombreux intervenants du monde du football (joueurs, dirigeants, presse...) mais aussi pour obtenir une augmentation substantielle de leurs indemnités (73 157 euros bruts par an en moyenne) depuis la signature du contrat signé par la Fédération avec Nike (42,6 millions par an jusqu'en 2018).

En réponse le jour même, la FFF a remplacé au pied levé l'ensemble de ceux-ci par des arbitres "amateurs" (F3, F4). Les arbitres de L2 ayant également décidé de faire débuter en retard les rencontres de vendredi d'une demi-heure, mettant les instances du football devant le fait accompli, la Commission de discipline Fédérale vient de décider de suspendre provisoirement l'ensemble des arbitres "pros". Elle a convoqué le 16 mars prochain tous les arbitres centraux et assistants pour permettre un retour "au calme" entre les parties.

Le grand enseignement du week-end a été que pour une fois (chose très rare) tout le monde du foot français s'est félicité de... l'arbitrage des arbitres amateurs.
Frédéric Thiriez, le président de la LFP a déclaré: «La qualité de leurs prestations, ainsi que leur sens de la psychologie et leur professionnalisme, ont été unanimement salués». Claude Puel, l'entraîneur de Lyon : «J’ai senti un trio très décontracté, paradoxalement, très bien, beaucoup moins à cran que certains, parfois» . Joël Quiniou: «Pour moi, ce remplacement une réelle satisfaction, même s'il est bien sûr difficile de tirer des conclusions d'une seule journée. Je leur tire mon chapeau».

Le site de l'association est allé interroger sur ce sujet un Socios, Patrick Fautrad, responsable de la commission arbitrage du STV mais surtout ancien arbitre "professionnel" (F2). Il nous donne son avis personnel:
«Mon point de vue personnel ? Le pognon pourrit tout !
Pour des raisons financières les arbitres ont voulu une part du gâteau généré par le nouveau partenaire de la FFF, Nike. Le conseil fédéral n'a pas apprécié et a suspendus les trios.
Je trouve aberrant la façon de faire des arbitres: A mon époque on gagnait déjà pas mal mais aujourd'hui les gens ne savent pas s'arrêter et l'argent pourrit tout, cette situation nous le prouve encore une fois. Les arbitres doivent arrêter d'en demander toujours plus à la manière des joueurs. S'ils veulent se comparer aux sommes que gagnent les joueurs pros, ils n'ont qu'à le devenir. Chacun son truc...
Le monde de l'arbitrage est à l'image du monde du football en général: Il y a le système amateur et le système professionnel et il n'y règne plus d'union sacrée depuis qu'il y a beaucoup d'argent en jeu. Ce n'est plus comme avant et chacun voit son portefeuille: Celui qui en prendra le plus sera le plus content.
C'est dommage, il n'y a plus cette convivialité au sein même du trio arbitral.
D'un autre côté, aujourd'hui c'est devenu presque trop "professionnel" dans un milieu qui ne l'est pas: On oblige les arbitres à faire certaines choses et il faut qu'ils obéissent sinon on les dégage...»